Terres rares : l’Afrique, nouvel Eldorado ?

Pour ne plus dépendre exclusivement des livraisons chinoises, les autorités américaines ont annoncé vouloir renforcer leurs approvisionnements africains en terres rares.

Alors que la tension ne cesse de monter entre les géants chinois et américain, l’Empire du Milieu pourrait être amené à utiliser l’une de ses principales armes stratégiques : stopper ses livraisons en terres rares, des minerais exploités quasi exclusivement en Chine – 90 % de la production mondiale – et entrant notamment dans la fabrication des téléphones portables, panneaux solaires, batteries électriques, armements, etc.

Conscient de cette menace, le département américain à la Défense a recommandé mardi 4 juin de trouver au plus vite de nouvelles sources d’approvisionnement. Et dans cette course aux terres rares non « chinoises », l’Afrique apparaît comme une zone potentiellement stratégique. Dans la foulée de l’annonce du Pentagone, des responsables de l’administration américaine ont ainsi confirmé à Reuters que plusieurs sociétés actives sur le continent avaient été contactées, en particulier Rainbow Rare Earths au Burundi – qui exporte des terres rares depuis fin 2017 – et Mkango Resources au Malawi, qui n’a pas encore commencé à extraire de terres rares, mais prévoit une raffinerie associée à la mine. Cité par notre confrère, Jason Nie, ingénieur en matériaux à la Defense Logistics Agency (DLA) du Pentagone, a insisté sur le fait que « nous[les États-Unis] recherchons toute source d’approvisionnement en dehors de la Chine. Nous voulons la diversité. Nous ne voulons pas d’un producteur à source unique ». Le collaborateur de la DLA rappelle néanmoins que si son organisation discute régulièrement avec des fournisseurs potentiels dans le cadre de son devoir de diligence, « cela ne donne pas nécessairement lieu à des contrats d’achat ». Qui plus est, même avec une réelle volonté politique, la transition vers un approvisionnement indépendant du fournisseur chinois prendrait du temps, les nouveaux projets d’extraction ne voyant le jour qu’après plusieurs années. Selon un rapport du gouvernement américain, pour l’exercice 2019 en cours, la DLA prévoit d’acheter jusqu’à 416 tonnes de terres rares sur le marché libre. Aux États-Unis mêmes, il n’y a plus qu’une seule mine de terres rares en activité, Mountain Pass, en Californie.


Réserves mondiales de terres rares en 2018 (en milliers de tonnes)
Infographie : Statista