Afrique du Sud : le comité d’experts nommés par la Présidence livre ses recommandations sur la question agraire

Dans son rapport, le panel de spécialistes appuie, sous certaines conditions, le principe d’expropriation sans compensation.

Première puissance agricole du continent (10,6 milliards de dollars de produits exportés en 2018), l’Afrique du Sud n’en bute pas moins depuis plus de vingt ans sur l’épineuse question de la redistribution des terres, lourd héritage de l’Apartheid : en effet, près des trois quarts des sols arables sont toujours aux mains de la minorité blanche, qui ne représente que 8 % de la population totale. Un enjeu social majeur pour lequel le panel d’experts nommés par le président Cyril Ramaphosa a remis ses conclusions ce dimanche 28 juillet. Dans leur rapport, ces spécialistes, qui attribuent « les inégalités persistantes à la façon dont la terre est possédée, gérée, et échangée, avec des approches qui n’ont jamais été adaptées pour répondre aux injustices du passé », se prononcent en faveur de l’expropriation des terres sans compensation, mais uniquement dans certaines conditions telles que les cas de terres abandonnées, appartenant à l’État, ou ayant été acquises à titre purement spéculatif.

Les experts proposent par ailleurs plusieurs autres pistes pour favoriser une redistribution plus équitable du foncier : un plafond maximal de surface qu’un individu ou une entreprise pourrait posséder ; une fiscalité foncière plus dissuasive pour décourager les grands propriétaires de détenir des terres non productives ; la nomination d’un protecteur des droits fonciers pour lutter contre la corruption liée à la réforme agraire, ou encore le suivi direct de ladite réforme par la Présidence afin de mieux centraliser le processus. Autant de points qui seront passés en revue par le Parlement, les élus devant se prononcer à partir d’octobre sur une possible modification de la loi. Quant à la communauté des fermiers blancs, qui craint d’être dépossédée de ses terres, elle n’a pas tardé à exprimer ses inquiétudes après la publication du document. « La sécurité alimentaire sera compromise si les recommandations contenues dans le rapport du groupe consultatif présidentiel sur la réforme agraire et l’agriculture sont mises en œuvre à la lettre », s’est ainsi alarmée l’association des industries agricoles, Agri SA, dans un communiqué repris ce lundi par les médias locaux.