Côte d’Ivoire : la filière mangue voit ses perspectives 2020 assombries

Lancée le 12 avril, la campagne de la filière mangue ivoirienne est déjà menacée par la paralysie qui touche l’économie mondiale, notamment dans les pays européens, principaux marchés d’exportation.
L'ENJEU : cerner, pour la filière mangue ivoirienne, les conséquences de la crise née du coronavirus

Troisième fournisseur du marché européen après le Brésil et le Pérou, la mangue ivoirienne ne devrait pas échapper à la baisse d’activité généralisée qui se profile dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Pascal Nembelessini Silué, le président du Conseil d’administration de l’Interprofession de la mangue en Côte d’Ivoire, estime ainsi pour cette campagne 2020, « […] à 65 % les pertes engendrées par le Covid-19. Des pertes qui se font sentir sur toute la chaîne des valeurs ».En conséquence, la filière n’atteindra pas son objectif de 35 000 à 45 000 tonnes exportées en 2020, après avoir expédié près 32 000 tonnes de mangues en 2019.

Même son de cloche peu réjouissant du côté des opérateurs privés. Cité par le site spécialisé Commodafrica, Dominique Malézieux, directeur général de la SCB, filiale ivoirienne de la Compagnie fruitière, a confirmé que la campagne ivoirienne de mangue « démarr[ait] de façon tout aussi alarmante que dans les autres pays producteurs de la région (Guinée, Sénégal…) », nombre de contrats d’importation noués avec des clients en France, en Espagne, en Italie ou encore aux Pays-Bas ayant d’ores et déjà été suspendus ou annulés du fait des mesures inédites de restriction mises en place pour freiner la propagation du coronavirus : navires bloqués dans les ports, fret aérien quasi interrompu, transports terrestres réduits…

Les principaux pays ouest-africains exportateurs de mangue vers l’Union européenne, entre 2015 et 2019 (données en milliers de tonnes)
Source : Cirad

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Le choc du coronavirus passé, les perspectives à long terme de la filière devraient cependant rester positives. Destinée à la consommation locale jusqu’à la fin des années 1990, la production de mangues s’est ensuite tournée avec succès vers l’exportation pour le marché européen : de 10 000 tonnes par an au début des années 2000, la Côte d’Ivoire a plus que triplé ses exportations depuis, le pays expédiant à l’étranger près de 32 000 tonnes de mangues en 2019. Cultivée par environ 7 000 producteurs regroupés au sein de coopératives ainsi que par quelques exploitants privés, la mangue est aujourd’hui le troisième fruit d’exportation de Côte d’Ivoire, après l’ananas et la banane.