Nigeria : le président Buhari signe la nouvelle loi sur le pétrole, plus dure à l’encontre des majors

Engagée dans un bras de fer avec les majors du secteur, la présidence Nigeriane a confirmé lundi 4 novembre avoir signé le projet d’amendement à la loi sur le pétrole, qui accroîtra sensiblement la part des revenus du pays… au détriment des compagnies étrangères.

C’est par un message publié sur son compte Twitter, @ Mbuhari, que le président Nigerian Muhammadu Buhari a annoncé la signature de cette nouvelle loi. « Cet après-midi, j’ai approuvé le projet de loi modifiant la loi sur le partage de la production entre l’offshore profond et les bassins intérieurs. Il s’agit d’un moment décisif pour le Nigeria ; permettez-moi de saisir cette occasion pour remercier l’Assemblée nationale de la coopération qui a permis de produire cet amendement, attendu depuis si longtemps », a déclaré le chef de l’État pour qui le « Nigeria va obtenir désormais une part équitable et juste des revenus de ses ressources naturelles[…] »

Fidèle à son franc-parler habituel, Muhammadu Buhari n’en a pas moins pris à partie la classe politique de son pays, ces « hommes […] [qui], avec la complicité des multinationales pétrolières [ont] œuvré à maintenir un système de répartition des revenus, évalué à son minimum, calculé sur un baril de pétrole à 20 dollars – soit trois fois moins que son cours aujourd’hui ». Avant que le président l’approuve, le projet d’amendement avait été adopté par le Parlement en quelques semaines à peine ; un rythme inhabituellement rapide pour un pays qui attend depuis plus d’une décennie un projet de loi sur l’industrie pétrolière. Sans compter que la ratification de ce nouveau texte vient s’ajouter à une autre action coup de poing : mi-octobre, le ministre Nigerian de la Justice, Abubakar Malami, avait en effet réclamé 62 milliards de dollars aux compagnies pétrolières étrangères, au motif que selon la loi, l’extraction du pétrole offshore avait été sous-évaluée et fixée à des prix bien en deçà de ceux du marché.

L’enjeu est, il est vrai, de taille : alors que le Nigeria traverse une conjoncture économique difficile, plombé par la faiblesse des prix du baril et une production pétrolière stagnante (1,9 million de barils par jour), la nouvelle loi sur le pétrole vise essentiellement à ce que les contrats de partage de production bénéficient davantage à l’État. La précédente mouture législative, votée en 1993, prévoyait pour sa part que des « contrats de partage de production » pouvaient être négociés entre le gouvernement et les majors dès lors que le baril dépassait les 20 dollars. Avec la récente modification du texte de loi, deux nouvelles sources de revenus sont ajoutées : une redevance forfaitaire de 10 % sur tous les puits offshore de plus de 200 mètres de profondeur, et une autre de 7,5 % sur les bassins frontaliers et intérieurs. Un changement qui, selon le communiqué de la présidence, pourrait rapporter 1,5 milliard de dollars supplémentaires au pays d’ici 2021. Pas sûr cependant que les effets escomptés soient pleinement atteints, certains opérateurs pétroliers ayant déjà averti que ces nouvelles dispositions rendraient non rentables des milliards de dollars d’investissements pétroliers planifiés et réduirait ainsi de près de 30 % la potentielle production offshore.