Congo-B : un collectif d’ONG émet des doutes sur l’importance présumée du nouveau gisement onshore du Delta de la Cuvette

À peine portée à la connaissance du public et déjà contestée : annoncée le 10 août par deux sociétés pétrolières locales, SARPD OIL et PEPA, la découverte du gisement du Delta de la Cuvette est aujourd’hui remise en cause par la section congolaise de la coalition d’ONG « Publiez ce que vous payez » (PCQVP).

De manière plus spécifique, le groupe d’ONG – qui milite pour la transparence dans les industries extractives – émet des doutes sur la fiabilité des données concernant ce gisement onshore situé dans le nord du Congo. Dans un communiqué publié le 18 août, la coalition indique en préambule avoir « appris avec surprise la découverte d’un gisement pétrolier onshore dans la Cuvette » avant de s’interroger sur la cause principale de cette polémique, les volumes de production prévus : « sur quelle base cette estimation a été faite au niveau actuel de la recherche, alors qu’un seul puits sur les quatre est en phase de perforation », se demande ainsi PCQVP pour qui cette « annonce paraît pour le moins intrigante ».

Pour rappel, lors de l’annonce de la découverte du gisement du Delta de la Cuvette, samedi 10 août, les deux compagnies pétrolières en charge du projet, la Société africaine de recherche pétrolière et distribution (SARPD OIL) et Petroleum Exploration and Production Africa (PEPA), deux firmes appartenant à l’homme d’affaires congolais Claude Wilfrid Etoka, avaient indiqué que ce nouveau site pourrait produire jusqu’à plus d’un milliard de mètres cubes d’hydrocarbures dont 359 millions de barils de pétrole, soit suffisamment pour quadrupler la production pétrolière journalière actuelle (350 000 barils/jour) du pays. Un saut quantitatif énorme qui, au-delà de la réaction de PCQVP, suscite également la circonspection de nombre d’observateurs avisés de la filière. Interrogé par l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS (Paris) et chercheur associé au think tank marocain Policy Center for the New South, rappelle ainsi que « […] à ce stade, il faut rester prudent. Il n’y a pas encore d’informations techniques détaillées, ou de protocoles d’information suivant l’avancée des travaux, qui permettent de valider de tels chiffres ».

La région de la Cuvette (en blanc), au Congo
Crédit : Google Maps

Autre point abordé par le collectif PCQVP, la question environnementale. Le gisement du Delta de la Cuvette se situe en effet près d’une zone abritant des tourbières, un écosystème qui joue un rôle important dans la lutte contre le changement climatique. « Tout en reconnaissant la transparence dans les opérations liées à ce projet, PCQVP s’inquiète énormément au sujet de l’opportunité de la mise en œuvre d’un tel projet ayant potentiellement des risques importants du point de vue environnemental (…) », conclut le communiqué.

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