Coronavirus : La Chambre africaine de l’énergie propose un moratoire fiscal pour les entreprises pétrolières

Prenant acte de la crise qui se profile pour la filière pétrole et conséquence directe de la pandémie de coronavirus, la Chambre africaine de l’énergie exhorte les États africains à mettre en place un moratoire fiscal.

À situation extraordinaire, mesures extraordinaires. Voilà, en substance, le message adressé par la Chambre africaine de l’énergie, aux pays producteurs d’hydrocarbures du continent. Dans un communiqué rendu public le 18 mars, l’organisation interprofessionnelle des métiers de l’énergie et des mines en Afrique, prenant acte des « temps difficiles pour le pétrole et le gaz africains » dus « au coronavirus et aux prix bas », exhorte les États d’Afrique à trouver dans les plus brefs délais des « moyens d’alléger le fardeau » pesant sur les sociétés de la filière. De fait, avec un baril de Brent qui s’échange sous les 26 dollars, les cours du pétrole ont chuté de près de 60 % depuis le début de la pandémie de Covid-19. Un effondrement sans précédent dans l’histoire contemporaine des marchés de matières premières.

Résultat, selon la Chambre africaine de l’énergie,l’Afrique devrait perdre plus de 110 milliards de dollars en taxes, exportations de pétrole, emplois et contrats avec des entreprises locales au cours des trois prochains mois. Une conjoncture critique qui, comme le rappelle l’organisation, vient s’ajouter aux précédentes difficultés rencontrées par les acteurs du secteur en Afrique, telles qu’une « faible profitabilité » et un « difficile accès aux financements pour les projets pétroliers et gaziers ». Parmi les pistes proposées par la CAE, « l’annulation ou le report des paiements d’impôts pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois aux sociétés de services appartenant à des Africains, aux sociétés d’exploration et de production locales et à toutes les sociétés internationales et locales travaillant sur des programmes d’exploration ». Des mesures fiscales fortes qui selon l’organisation, permettront « aux employeurs de payer les salaires, d’améliorer leur liquidité et de réduire certaines des pertes de revenus tout en minimisant les pertes d’emplois ».

Évolution du cours du baril de Brent depuis le début de l’année : un effondrement sans précédent…
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Pas sûr cependant que tous les pays concernés auront les moyens de mettre en œuvre ces programmes de soutien. Avec un baril qui semble s’installer durablement sous la barre des 30 dollars, des nations telles que l’Algérie, le Nigeria, le Congo ou la Libye – qui disposent de budgets nationaux établis sur la base d’un baril à 50 dollars, voire à plus de 60 dollars – voient déjà leurs économies touchées de plein fouet. La marge de manœuvre financière n’en sera dès lors que plus réduite.