Malmené par les marchés, Sasol envisage une augmentation de capital

Acculée de toutes parts après l’effondrement de son titre de plus de 80 %, consécutif à l’épidémie du coronavirus et à la chute des cours du pétrole, la direction du groupe pétrochimique sud-africain Sasol a annoncé qu’elle envisageait une augmentation de capital et l’accélération de son programme actuel de cessions d’actifs.

Dans son communiqué, rendu public le 12 mars, l’entreprise, tout en rappelant qu’elle dispose « d’environ 2,5 milliards de dollars de liquidités » et se disant confiante dans sa « capacité à générer des flux de trésorerie positifs, même dans un environnement de prix bas du pétrole »,a reconnu qu’elle planchait sur une « série d’actions susceptibles de renforcer son bilan ». Parmi les mesures envisagées, une « renégociation avec les créanciers », une « accélération et un élargissement de son programme actuel de cessions d’actifs », mais surtout, une « potentielle augmentation de capital » visant à « gérer les engagements financiers à court terme ». Autrement dit, ce possible appel au marché servirait, in fine, à payer les prochaines échéances dues par le groupe à ses créanciers, soit en tout 120 milliards de rands (8 milliards de dollars).

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Une alternative évoquée dès le 9 mars par l’assureur Prudential, quatrième actionnaire du groupe pétrochimique. « Si cet environnement persiste pendant une longue période, il est probable que Sasol devra à la fois lever de nouveaux capitaux et accélérer son programme de vente d’actifs pour rembourser sa dette », pronostiquaient, pessimistes, les équipes de l’établissement financier, dans une note. Quelques jours auparavant, c’est l’agence de notation Moody’s qui, tout aussi inquiète, dégradait la dette du géant énergétique sud-africain (21,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour l’exercice 2019) dans la catégorie des « obligations pourries (junk bonds) » et donc hautement spéculatives. Un véritable tremblement de terre pour l’establishment des affaires sud-africain, Sasol (Suid Afrikaanse Steenkool en Olie, pour « charbon et pétrole sud-africains », en afrikaans) étant l’un des fleurons industriels historiques de la Nation arc-en-ciel. Lancé en 1950, peu après l’instauration de l’Apartheid, le groupe pétrochimique a longtemps été la seule entreprise au monde à produire à grande échelle (l’équivalent de 150 000 b/j) du carburant synthétique à partir de gaz naturel ou de charbon, très abondant en Afrique australe.